Le ministre de l'Économie Jeannot Krecké présente le bilan Compétitivité 2008

Le ministre de l'Économie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké, a présenté en date du 8 octobre 2008 le bilan Compétitivité 2008: "Plus de compétitivité pour plus de pouvoir d'achat".

Selon le ministre, ce bilan plaide en faveur de certaines réformes qui permettront de donner des bases solides à l'économie luxembourgeoise. "Le bilan Comptétitivité joue un rôle important pour la détermination des politiques économiques à long terme", a-t-il dit.

Le bilan Compétitivité 2008, établit que la position globale du Luxembourg s’est détériorée. Parmi les 27 États membres, le Luxembourg se positionne en 9e place en 2007 et perd ainsi trois positions par rapport à 2006. Le tableau de bord Compétitivité se base sur 86 indicateurs, retenus par le professeur Fontagné avec les partenaires sociaux. Pour expliquer cette perte de compétitivité, il est nécessaire de faire des analyses au niveau des catégories ainsi qu’au niveau des indicateurs de base du tableau de bord Compétitivité. On observe que cette perte de compétitivité globale s’explique notamment par les mauvaises performances du Luxembourg en matière d’emploi (17e), de fonctionnement des marchés (18e), d’entrepreneuriat (18e) et d’environnement (20e).

Le choc des prix pétroliers et alimentaires, relance le débat sur la compétitivité coût et le différentiel d’inflation entre le Grand-Duché et les pays voisins. Dans son avis spécial, le professeur Lionel Fontagné constate que la compétitivité-coût et -prix s’est détériorée au Luxembourg. Il soutient les dispositions temporaires adoptées par le Comité de coordination tripartite (avril 2006) en matière d’indexation automatique des salaires qui ont permis d’éviter les effets de second tour au Luxembourg.

Le bilan 2008 est intitulé "Plus de compétitivité pour plus de pouvoir d’achat". Il s’avère en effet primordial de rappeler l’origine structurelle et durable de la croissance et de l’emploi et donc des revenus. La focalisation sur l’inflation - "l’indexomania" ne rend pas justice au problème de pouvoir d’achat ressenti par la population. Selon les dernières prévisions disponibles du STATEC, le pouvoir d’achat par tête au Luxembourg devrait continuer à progresser à l’avenir grâce aux mesures fiscales et sociales et le plan "anti-inflation excessive" du gouvernement.

Le pouvoir d’achat à long terme ne peut être assuré que si la productivité structurelle progresse fortement et durablement. La stratégie de Lisbonne à travers la recherche et développement (R&D), l’innovation et la construction d’une économie de la connaissance, ont un effet positif sur la productivité. Selon une étude réalisée par la cellule de recherche CRP-HT / STATEC / Observatoire de la compétitivité, il apparaît clairement que les efforts d’innovation, qui ont un impact positif sur la production d’innovation, contribuent à l’amélioration de la productivité de l’entreprise. Cependant, cet impact semble se diluer lorsque les plus gros investisseurs ou les entreprises du secteur financier sont exclus de l’échantillon considéré. Ceci justifie pleinement la politique d’encouragement de la R&D mise en œuvre par les autorités luxembourgeoises dans le cadre de la stratégie de Lisbonne.

Une deuxième étude analyse la tendance de la productivité globale des facteurs qui est en augmentation sur l’ensemble de la période 1995-2006. Ceci est un synonyme d’avancées technologiques. En observant l’évolution de la productivité totale des facteurs au niveau de six branches, nous constatons des dynamiques sectorielles divergentes. En effet, les branches "activités financières et services aux entreprises", "industrie y compris énergie" et "construction" voient leur productivité totale des facteurs augmenter. À l’inverse, les branches "commerce, transports et communication", "autres activités de services" et "agriculture, chasse et pêche" voient leur productivité totale des facteurs plutôt diminuer.

Finalement, les professeurs Fontagné et Marcellino ont élaboré, pour le compte de l’Observatoire de la compétitivité, un modèle économétrique spécial (DGSE) qui permet de simuler les effets des réformes entreprises dans le cadre de la stratégie de Lisbonne. Une hausse de l’efficacité de l’utilisation des ressources productives au sein de l’économie, modélisée à travers l’indicateur de productivité globale des facteurs, implique une augmentation de même importance du produit intérieur brut (PIB) du Luxembourg. Le rendement du capital augmente initialement dans les mêmes proportions, suscitant un investissement supplémentaire. Les salaires des résidents, comme ceux des travailleurs frontaliers, augmentent au même rythme que le PIB, et ceci à court terme comme à moyen ou à long terme. Cette distribution intégrale des gains d’efficacité en rémunération laisse le coût du travail inchangé et neutralise tout effet néfaste sur l’emploi. Les profits augmentent aussi au rythme du PIB dans le court terme, et très légèrement plus à long terme. Au final, les profits étant distribués, le revenu disponible augmente au rythme du PIB. Ces résultats attestent de l’importance des politiques structurelles qu’il importe de poursuivre, malgré les turbulences financières et l’affaissement de la conjoncture.

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