Bilan compétitivité 2010 – "Vers une croissance intelligente, durable et inclusive"

La nouvelle édition 2010 du "bilan compétitivité" vient de paraître. Il montre que la position compétitive globale du Luxembourg, fondée sur 81 indicateurs, s’est marginalement redressée, faisant suite à une dégradation continue au fil des dernières années. En revanche, la compétitivité-coûts, basée sur le taux de change effectif réel, continue de se dégrader.

Compétitivité structurelle

L’analyse de la compétitivité structurelle, fondée sur 81 indicateurs dans dix domaines économiques, sociaux et écologiques, permet de tirer deux conclusions:

Premièrement, on constate une amélioration marginale de la position du Luxembourg dans les classements de pays élaborés par des organisations internationales, comme par exemple IMD ou le Forum économique mondial.

Deuxièmement, on constate également une amélioration marginale de la position du Luxembourg dans la mise à jour du tableau de bord compétitivité "structurelle" de l’Observatoire de la compétitivité. Ce classement se base sur 81 indicateurs économiques, sociaux et environnementaux retenus ensemble avec les partenaires sociaux. Le Luxembourg se positionne en 2009 en 9e place parmi les 27 États membres de l’UE, et gagne deux positions par rapport à 2008. Cette amélioration s’explique notamment par une relativement bonne résistance de l’emploi au Luxembourg, pendant la crise économique et financière, par rapport aux autres États membres de l’UE.

Pour s’assurer de la solidité de la méthodologie, l’Observatoire de la compétitivité avait commandité un audit externe du tableau de bord compétitivité auprès du Joint research centre de la Commission européenne à Ispra. Son objectif était d’identifier les limites de la méthodologie actuellement utilisée, et de faire des recommandations afin de l’optimiser. Cet audit constate notamment comme point fort la définition précise du phénomène à mesurer et constate aussi que la construction de l’indicateur synthétique assure une certaine transparence du processus. L’audit préconise aussi certaines recommandations techniques que l’Observatoire de la compétitivité va mettre en œuvre.

Compétitivité-coûts

La compétitivité-prix et la compétitivité-coûts du Luxembourg, deux déterminants essentiels permettant aux entreprises nationales d’exporter leurs biens et services, continuent toujours de se déteriorer par rapport à ses principaux partenaires commerciaux. Ces résultats sont concordants avec ceux présentés par d’autres organismes internationaux (OCDE, FMI, BCE), mais aussi avec ceux de la Banque centrale du Luxembourg.

Vers une nouvelle stratégie LU2020

Bien que la compétitivité-coûts, à laquelle les entreprises s’intéressent fort légitimement, constitue un volet à surveiller de près, les défis qui se posent au pays ne peuvent cependant pas se résumer à la seule maîtrise des coûts. L’innovation et la productivité, l’inclusion sociale et une utilisation efficace des ressources naturelles doivent constituer les piliers d’un programme national de réforme structurel à long terme. Ces défis et objectifs sont intimement liés. De meilleurs niveaux d’éducation améliorent les chances de trouver un emploi et permettent d’accroître le taux d’emploi aidant à réduire la pauvreté, et une plus grande capacité de R&D et d’innovation, combinée à une efficacité accrue des ressources, améliore la compétitivité et favorise la création d’emplois. Dans ce cadre, le Conseil européen a arrêté la stratégie Europe 2020, le successeur de la stratégie de Lisbonne, qui entend permettre à l'UE et aux États membres de sortir renforcés de la crise à travers "une croissance intelligente, durable et inclusive". Le Conseil européen a notamment confirmé cinq grands objectifs: favoriser l'emploi, améliorer les conditions de l'innovation et de la R&D, atteindre les objectifs dans le domaine du changement climatique et de l'énergie, améliorer les niveaux d'éducation et favoriser l'inclusion sociale. Le Luxembourg devra définir ses objectifs nationaux sur base de ces cinq grands objectifs européens. La stratégie Europe 2020 constitue également une nouvelle étape dans la gouvernance de la politique économique et sociale étant donné que la politique budgétaire, par le biais du pacte de stabilité et de croissance, s’articulera plus étroitement autour d’un nouveau programme national LU2020 à mettre en place

Comprendre les effets de l’indexation des salaires

Le bilan 2010 se penche aussi sur la foison d’études consacrées au mécanisme de l’indexation automatique des salaires, et son impact sur l’inflation, qui ont été réalisées au cours des dernières années sur le cas luxembourgeois. Les études attestent un lien significatif entre inflation et salaires, dans les deux directions. L’effet de l’adaptation des salaires est faible à court terme, l’ampleur de l’effet étant plus important à long terme. Les coefficients sont entachés d’une certaine incertitude ne serait-ce qu’à cause de l’insuffisante longueur des séries statistiques. Le rôle précis que joue le mécanisme particulier de l’indexation automatique, par rapport à d’autres mécanismes d’adaptation des salaires, reste cependant à déterminer et appelle d’autres approfondissements. Le bilan 2010 synthétise ainsi les diverses facettes de la relation entre inflation et salaires dans une petite économie ouverte qui ont déjà été mises en lumière.

PIBien-être

Pour conclure, le bilan 2010 fait le point sur le grand projet "PIBien-être" qui vise à dépasser les indicateurs traditionnels pour mesurer le bien-être de la population dans la foulée du fameux rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi. Ce projet est réalisé dans le cadre du programme gouvernemental 2009 par le Conseil économique et social (CES) et le Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD), avec l’aide de l’Observatoire de la compétitivité ainsi que du STATEC. La démarche vise à trouver des indicateurs qui complètent ceux du tableau de bord dans la dimension essentielle de la qualité de vie ressentie par les citoyens.

Le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké, a invité les partenaires sociaux à discuter le bilan d’une manière controverse, mais constructive.

(Communiqué par le ministère de l’Économie et du Commerce extérieur)

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