Présentation de l'essai "Compétitivité du Luxembourg: après la bulle" par Lionel Fontagné

Afin d’accompagner les travaux du Comité de coordination tripartite sur le sujet de la compétitivité, le gouvernement avait mandaté début 2004 comme expert externe, le professeur Lionel Fontagné qui avait plus particulièrement eu pour mission de présenter, à l’adresse du gouvernement et du Comité de coordination tripartite, un rapport sur la position compétitive du Luxembourg en y formulant des pistes de réflexion. En novembre 2004, le professeur Fontagné avait publié son rapport intitulé "Compétitivité du Luxembourg: une paille dans l’acier". Le 4 février 2010, dans le cadre du paperJam Business Club, le professeur Fontagné a présenté son nouvel essai intitulé "Compétitivité du Luxembourg: après la bulle" qu'il a réalisé de sa propre initiative. Cinq ans après, cet essai examine ainsi de nouveau la question des réformes structurelles au Luxembourg.

Lors de la présentation, le professeur Fontagné a passé en revue les majeures faiblesses structurelles auxquelles, selon son avis, le Luxembourg est actuellement confronté, dont notamment une diversification limitée, la dualité du marché du travail, une dérive des coûts salariaux et une évolution décevante de la productivité au fil des dernières années. Ensuite, il a évoqué divers éléments qui ont changé depuis son rapport publié en 2004. Il a notamment constaté que le gouvernement a mis en oeuvre un programme national de réforme dans le cadre de la stratégie de Lisbonne. Il a cependant aussi constaté un moindre consensus sur les réformes à engager, une tension sur les questions distributives, et un environnement extérieur qui a profondément changé depuis 2004 suite à une sensibilité accrue au sujet de la concurrence fiscale et réglementaire et suite à la crise économique et financière. Le professeur Fontagné a réaffirmé la nécessité des réformes structurelles et a plaidé pour un nouveau pacte tripartite de croissance et d’emploi auquel le gouvernement, le patronat et le salariat doivent chacun apporter sa contribution.

Le ministre de l’Economie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké, a affirmé que “même si je ne partage pas tout ce que le professeur Fontagné a dit, je suis venu écouter ce qu’il a à dire. Ses opinions sont les bienvenues, même si elles dérangent". Le ministre a ensuite insisté sur l’importance majeure d’un tissu industriel fort au Luxembourg et des politiques de spécialisation multisectorielle mises en oeuvre pour réduire l’impact de la forte dépéndance de l’économie par rapport au secteur financier. Il a rappelé que les effets positifs de ces nouveaux secteurs ne se feront cependant sentir que dans le moyen voire le long terme, et qu'ils nécessiteront dans l'immédiat des investissements initiaux importants. Dans ce cadre, il a rappelé qu'actuellement, l’emploi constitue notre préoccupation principale. Le ministre a finalement expliqué que la résistance aux réformes, constatée par le professeur Fontagné, existe en réalité et est effectivement à l’origine de tensions qu’il s’agit de dépasser, car il est très important d’avoir un consensus pour trouver des solutions ensemble afin d’éviter une crise sociale. La sauvegarde de la cohésion sociale est en effet un facteur très important, à la fois au niveau national et dans la solidarité avec les travailleurs frontaliers venant de la Grande Région qui contribuent largement à la création de richesse dans notre pays.