Productivité et compétitivité au Luxembourg: une comparaison par pays et par branches

Selon le prix Nobel d’économie, Paul Krugman, la compétitivité est un nom poétique pour désigner la productivité. La productivité est au coeur de la compétitivité, elle détermine le niveau de vie de la population, la rentabilité du capital et le coût salarial unitaire.

Le rapport présenté par l’Observatoire de la compétitivité montre que l’évolution des indicateurs clés de la productivité de l’économie luxembourgeoise sur la période 1995-2008 : la productivité du travail et la productivité totale des facteurs (PTF), sont mesurées au niveau agrégé et au niveau des branches d’activités. Au niveau agrégé, le Luxembourg est comparé aux Etats-Unis et à l'UE-15.

La méthodologie adoptée dans ce rapport est basée sur le concept de frontière d’efficacité permettant de comparer l'efficacité relative des unités économiques. Les calculs sont effectués en utilisant une technique d’enveloppement des données ou Data Envelopment Analysis (DEA). Cette méthode est non paramétrique, c’est à dire qu’elle ne requiert pas de spécification fonctionnelle pour la fonction de production ni d’hypothèses a priori sur la structure concurrentielle du marché. Les données utilisées proviennent de la Comptabilité Nationale pour le Luxembourg et principalement d’Eurostat pour les autres pays. Au niveau des branches, la mesure de la PTF est obtenue en comparant trois types de facteurs de production : le capital, le travail et les consommations intermédiaires (matières premières, services et énergie). Les activités sont classées selon la codification NACE à 2 positions.

Un niveau élevé, une progression lente

Les résultats révèlent des taux de croissance relativement lents de la productivité du travail (mesuré par le PIB rapporté à l’emploi) et de la productivité totale des facteurs, qui prend en compte la productivité du travail et du capital. La faible croissance de la productivité du travail tient à ce que la croissance de l’emploi est plus rapide que celle de la production ; celle de la PTF s’explique par la faiblesse du taux de progrès technique.

L'analyse des branches d’activité met en évidence le rôle prépondérant des services financiers dans l'économie luxembourgeoise et l'importance croissante des auxiliaires financiers et d'assurance dans ce contexte. En effet, l'augmentation de la productivité totale des facteurs qui caractérise la prestation de services provient du progrès technique réalisé par ces services. En revanche, le secteur industriel améliore son efficacité dans l’utilisation des facteurs de production. L’étude appelle une série de développements, objet de recherches ultérieures.

L’étude a été réalisée par l’équipe GRIPS/EPR2 : Anne Dubrocard, Ivete S. Gomes Ferreira, Chiara Peroni pour le compte de l’Observatoire de la Compétitivité dans le cadre de la convention de recherche commune liant le ministère de l’Economie et du Commerce extérieur, le STATEC et le Centre de Recherche Public Henri Tudor dans le cadre du Projet Luxklems - version luxembourgeoise du projet européen EUKLEMS, qui vise à produire et améliorer les données disponibles et les indicateurs utiles à l’analyse de la croissance de la productivité.