Journées de l'économie 2010

Les Journées de l'économie 2010, organisées par le ministère de l’Economie et du Commerce extérieur, la Chambre de commerce et la Fedil - Business Federation, en collaboration avec PricewaterhouseCoopers, ont eu lieu les 10 et 11 février 2010. Ces Journées de l’économie, forum économique transfrontalier, ont rassemblé plus de 350 personnes à la Chambre de commerce.

1. Le Luxembourg et la Grande Région : une vision au service du développement économique

De nombreux entrepreneurs ont donné un point de vue éclairé et documenté sur leur vision des atouts économiques, scientifiques, humains et culturels de la Grande Région. Deux axes de réflexion ont été mis en avant.

- Renforcer les synergies et développer une politique économique commune dans la Grande Région

62 % des personnes interrogées dans la salle estiment que le développement de l’espace économique de la Grande Région devrait être considéré comme hautement important par les décideurs politiques. (Réponse à la question : Quel degré d’importance les dirigeants politiques devraient-ils consacrer au développement de l’espace économique européen ? Echantillon non représentatif.)

La Grande Région dispose d’atouts essentiels : des entrepreneurs innovants, des institutions scientifiques de renoms (notamment au-delà des frontières du Grand-Duché), des compétences communes particulières dans les domaines des matériaux, de l’exploitation du sous-sol et de la forêt. Dans les secteurs clés du développement économique, des synergies sont à construire. Il faut s’appuyer sur ce qui existe sur ce territoire de 65 000 km2 et collaborer au niveau de la santé, de la logistique, de la recherche, des écotechnologies, surtout dans le cadre des nombreux clusters mis en œuvre depuis quelques années.

Afin de favoriser les synergies, il faut se rencontrer et échanger. Il est fondamental de développer les infrastructures, que ce soit en matière de transport ou de formations, pour répondre aux besoins quotidiens des entrepreneurs et des grands groupes.

Une des priorités doit être la recherche. Avec 25 000 chercheurs, la Grande Région dispose d’un vivier de connaissances équivalent à la région de Boston. Travaillant sur des thématiques proches, les centres de recherche publics au niveau de la Grande Région devraient collaborer plus intensément entre eux et avec le secteur privé.

La mise en place d’une politique de clusters commune et en réseau au niveau de la Grande Région permettrait une grande complémentarité ainsi qu’une action probablement bien plus efficace. Par exemple, il existe un cluster dédié à la thématique de la santé dans toutes les régions de la Grande Région. Il en est de même concernant le secteur des matériaux et celui des écotechnologies. Pour 39 % des personnes présentes, la politique de clusters commune est une piste très sérieuse à envisager par les dirigeants politiques afin de faciliter le développement de la Grande Région. (Réponse à la question : Quelle est l’action prioritaire que les dirigeants politiques devraient mettre en œuvre pour faciliter le développement de la Grande Région. Choix de réponses possibles : une politique de promotion (22%), des outils de financement (20 %), une structure internationale de recherche et de formation (19 %), une politique de clusters commune (39 %). Echantillon non représentatif.)

Un des points mentionnés à plusieurs reprises est la difficulté à « exporter » ses activités au-delà des frontières en raison de barrières réglementaires nationales subsistantes. La réalité du marché unique est à parfaire et, de ce point de vue, l’espace grand-régional peut s’avérer être une terre d’expérimentations et de grande exploitation des possibilités offertes par le développement des libertés de circulation des hommes, des capitaux, des biens et des services et, de plus en plus, du savoir.

- Attirer des talents et des entreprises internationales

Avec une position géographique stratégique au cœur de l’Europe et une population polyglotte, le Luxembourg et la Grande Région disposent d’atouts naturels pour attirer des entreprises internationales.

Le déficit d’image de la zone toute entière a été mentionné. Il est difficile de communiquer autour du nom de Grande Région qui est méconnu en dehors de nos frontières. Le Luxembourg doit être utilisé comme moteur pour 38 % des personnes présentes et un branding commun doit être développé pour 37 % du public. (Réponses à la question : A votre avis, comment construire une image attractive pour le Luxembourg et la Grande Région ? Autre réponse possible : créer un forum pour le développement économique (25 %). Echantillon non représentatif.)

Pour 76 % des personnes (Agrégat des réponses "oui absolument" (35 %) et "oui partiellement" (41%)), le concept de la Grande région est utile pour la promotion.

La croissance passe par l’attrait de nouvelles entreprises et de talents internationaux. Cette démarche pourrait être mieux structurée et développée.

Une des évolutions majeures est l’utilisation des atouts de la place financière au service de la création et du financement d’entreprises. Le Luxembourg a de toute évidence les moyens de jouer un rôle fondamental de plateforme de financement de projets. La région pourrait constituer un véritable laboratoire de développement de nouvelles technologies au travers d’un grand projet phare et d’initiatives pilotes. L’interaction entre le monde de la finance, des scientifiques et celui des entrepreneurs est, de l’avis de la plupart des participants à ces Journées de l’économie, la clef de voute d’un nouveau modèle. Toute la Grande Région en serait bénéficiaire.

L’ambition clairement définie par les intervenants est de rassembler les forces de la Grande Région autour d’un grand projet fédérateur impliquant les acteurs publics et privés afin de lui donner les moyens de devenir un espace économique majeur en Europe.

Enfin, il ne faut pas oublier que le développement et la promotion de la Grande Région ne peuvent se faire sans la mise en œuvre d’une gouvernance interrégionale de qualité, soucieuse d’une organisation optimale des acteurs privés et publics locaux, mais aussi des réseaux entre lesdits acteurs.

2. L'analyse de la crise économique

Monsieur Patrick Artus, économiste, auteur avec Olivier Pastré du livre « Sortie de crise, ce que l’on ne nous dit pas, ce qui nous attend », a présenté une analyse de la crise économique. Il a expliqué que la crise que nous connaissons n'est pas une crise financière. Cette crise financière constitue seulement une conséquence d'une crise plus profonde dans l'économie réelle. Actuellement, les politiques publiques mises en oeuvre semblent être à l'origine d'un soulagement général, mais les vrais problèmes structurels sont toujours d'actualité, dont : le niveau d'endettement des ménages, un besoin de réindustrialisation en Europe et aux Etats-Unis, une flambée des prix des matières premières attendue dans les 4 à 5 années à venir etc. Selon monsieur Artus, ces problèmes ne se régleront pas de manière non coopérative. Il s'agit dans ce cadre de trouver notamment un accord en matière de politiques de taux de change et de distribution mondiale des matières premières.

3. Les réflexions du ministre de l'Economie et du Commerce extérieur

Le ministre de l’Economie et du Commerce extérieur Jeannot Krecké a clôturé les Journées de l’Economie. Dans son intervention, il a souligné que le Luxembourg se voit confronté à une série de problèmes structurels dus à des faiblesses qui n’ont pas été prises en compte. Bien que le PIB ait de nouveau connu une croissance de 4,2% au dernier trimestre 2009, celle-ci ne se situera plus au même niveau qu’avant et ses effets sur les retombées fiscales et sur la création d’emploi ne seront plus comparables.

Le ministre Krecké a cité plusieurs problèmes auxquels nous sommes confrontés et pour lesquels nous n’avons toujours pas de solution: la flambée des prix des matières premières, la désindustrialisation, les exigences de réduction de CO2,... Le Luxembourg, et l’UE dans son ensemble, seront confrontés dans les années à venir à une population vieillissante qui fait valoir ses droits à la retraite sans qu’il n’y ait assez de personnes actives pour contribuer aux caisses de pensions. Le retour du protectionnisme en Europe, notamment à travers une renationalisation des marchés financiers et des arguments de protection des consommateurs, aggrave encore la situation et fait apparaître clairement le besoin d’une meilleure coordination des politiques économiques au niveau de l’UE. Selon Jeannot Krecké, nous n’avons pas trouvé de moyens non plus pour encadrer les marchés financiers, accusés de tous les torts dans cette crise. La solution ne consiste pas en la seule taxation des bonus ou dans la chasse aux paradis fiscaux. “Au niveau national, il nous faut faire davantage d’efforts au niveau de la rapidité et de la flexibilité, ce qui ne nous coûte pas grand chose à part un peu de bonne volonté", a dit le ministre.

L’allure à laquelle les dettes de certains pays qui ont oeuvré pendant des années à faire baisser leurs déficits se sont envolées fait peur. Le ministre de l’Economie et du Commerce extérieur a réitéré la décision du gouvernement, dans le cadre de son Programme de stabilité et de croissance 2009-2014, de faire épargner 400 millions d’euros par an en mettant en garde que la charge de la dette s’élève déjà à un montant similaire par an.

“Le Luxembourg est le moteur de la Grande Région et il doit le rester", a dit Jeannot Krecké. Il a lancé un appel en vue d’une meilleure collaboration entre les différents acteurs afin de dégager des synergies. Pour exemple il a cité des projets français dans les domaines hospitalier et de la logistique auxquels le Luxembourg aimerait se rallier. “Pour sortir de cette crise systémique, il n’y aura pas de solutions rapides et spectaculaires qui ne fâchent pas. Nous devrons nous habituer à ce que les Américains appelent “a new normal", a conclu le ministre.

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